Puis nous sommes revenus à Bangui, où nous avons consulté au CRHAM et opéré dans les services de chirurgie infantile et de traumatologie. Au total, nous avons vu 132 patients en consultation et nous en avons opéré 50 durant cette mission.
Parmi les lésions rencontrées, nous avons de nouveau noté le grand nombre de déformations iatrogènes des membres inférieurs apparues après injections de Quinimax mal exécutées, qui représentent 18 % des cas examinés à Bangui. Nous avons vu, comme pendant les missions précédentes, plusieurs cas de raideurs complètes du genou après injection dans la cuisse, ainsi que des déformations du pied en varus équin secondaires à une paralysie sciatique après injection intra fessière mal exécutée.
Mais de plus nous avons observé plusieurs cas d’ostéochondrite (ou nécrose) de la tête du fémur, avec enraidissement de l’articulation de la hanche parfois en attitude vicieuse, avec douleurs à la marche prolongée, et avec raccourcissement de la cuisse. Il nous semble que ces cas s’expliquent par des injections intra-fessières réalisées trop profondément, dans l’articulation de la hanche elle-même, et la toxicité de la quinine détruit plus ou moins complètement la tête du fémur et le cartilage de croissance. Par le passé nous avons eu l’occasion d’observer de nombreux cas similaires, pour lesquels nous n’avions pas retrouvé d’étiologie évidente, et qui en fait nous semblent probablement s’expliquer par la même cause. Ces séquelles sont graves car il n’y a pas de possibilités thérapeutiques…