LA SOIXANTE ET UNIEME MISSION CHIRURGICALE
NOVEMBRE 2012

Docteur Michel Onimus

La 61ème mission de l’ACMC s’est déroulée du 7 au 29 Novembre 2012. Nous sommes allés travailler à Bangassou, puis à Alindao, et enfin à Bangui. Il faut souligner les points forts de cette mission, qui a duré trois semaines :
Maximo est en grande conversation avec Jefferson, le petit frère d’un enfant opéré…
●  Maximo et Fernando nous ont accompagnés pendant toute la mission.
Maximo et Fernando sont espagnols, chirurgiens orthopédistes, et ils viennent avec nous une fois par an (l’an dernier c’était à Berbérati).
Ils forment avec nous une très bonne équipe, et nous avons passé d’excellents moments en leur compagnie. De plus, ils connaissent très bien la pathologie orthopédique de l’adulte, et ils apportent beaucoup dans les discussions d’indication ou de technique opératoire.
Les enfants opérés de fissure labiale à Bangassou, avec leurs « moustaches » postopératoires.
●  A Bangassou, nous avons retrouvé la chaleur de l’accueil de l’évêque, Mgr Juan Aguirre ; il nous a parfaitement logés, il a mis deux véhicules à notre disposition, et il est venu à plusieurs reprises voir les enfants opérés.
Nous avons opéré 9 fissures labiales durant la mission, 8 à Bangassou et une à Bangui.
Sophie est volontaire DCC à Alindao. Elle a parfaitement préparé la mission, en dépistant et en rassemblant les enfants handicapés. Elle s’en est ensuite beaucoup occupée durant leur séjour à l’hôpital. Elle a fait un travail remarquable !
●  Toutes ces fissures avaient été dépistées et rassemblées par Sophie, volontaire DCC à Alindao, où elle a pris la suite d’Olaf dans l’équipe mobile de soins infirmiers. Sophie avait fait un très bon travail de préparation de la mission, et elle a amené à Bangassou les enfants que l’on ne pouvait pas o pérer à Alindao, et notamment les fissures labiales. C’est en grande partie grâce à elle que nous avons pu opérer tous ces patients.
L’excursion en pirogue, au départ…
●  Nous avons fait une excursion en pirogue sur le fleuve, mémorable parce qu’au retour nous avons été pris sous un orage typiquement africain, brutal, énorme, avec des trombes d’eau. Nous étions encore dans la pirogue, et aussi mouillés que si la pirogue avait versé…
Il avait plu la nuit précédente, et la piste était encore très glissante et détrempée… Le croisement avec un camion enlisé a été un bon moment du trajet Bangassou-Alindao!
●  Le voyage de Bangassou à Alindao a été assez varié, avec quelques enlisements dans la boue, et au passage un arrêt pour admirer les chutes de Kembé ; il y avait beaucoup d’eau et le spectacle était magnifique…
Aux chutes de Kembé, de g à droite : Michel, Maximo, Stéphanie, Fernando, Daniel.
Les chutes de Kembé étaient grandioses…
●  A Alindao, nous avons revu quelques anciens enfants opérés, dont Bernard, qui présentait une fissure labiale, et qui avait de grosses difficultés d’élocution.
Il a fait de très gros progrès, il parle bien et est bon élève à l’école.
Nous avons également revu Placide, qui avait été opéré il y a deux ans de séquelles de poliomyélite. Il avait été appareillé avec deux orthèses et des béquilles, et l’apprentissage de la marche avait été assez laborieux. Actuellement, il se déplace très bien sans appareillage, avec uniquement deux béquilles.
Placide se déplaçait accroupi.
Il peut maintenant marcher avec seulement deux béquilles.

●  Durant la mission, nous avons commencé une expérience de prévention des crises de paludisme postopératoires, par l’administration de gélules de poudre d’Artemisia annua.
Nous avons traité tous les enfants opérés, et nous avons fait une recherche de parasites dans le sang (Plasmodium falciparum) avant et après le traitement.
Cette étude a été très positive: Les résultats préliminaires de cette étude, qui porte sur 27 patients, semblent tout à fait favorables:
La parasitémie moyenne avant mise en route du traitement était de 429 parasites/ml (160 – 910).
Elle était en fin de traitement de 153 parasites/ml (0-320), soit une amélioration moyenne de 64%.
Cliniquement aucun enfant n’a présenté de poussée fébrile postopératoire.

Ces résultats préliminaires très encourageants nous poussent à poursuivre la prévention des accès palustres chez les enfants opérés en suivant le même protocole.
●  L’anesthésiste de l’équipe était Stéphanie.
En dehors de son travail d’anesthésiste, qui a été comme d’habitude excellent, Stéphanie a été un très bon terrain d’étude, car elle a présenté une nouvelle crise de paludisme, qui est d’ailleurs de nouveau survenue malgré une prévention par Malarone.
Nous l’avons soignée avec des gélules d’Artemisia annua, et elle a commencé à s’améliorer dès la 12ème heure de traitement.

Les gélules nous ont paru vraiment très efficaces, car nous en avons donné également à quatre autres personnes en crise, dont deux qui étaient sous traitement par ACT (le traitement recommandé par l‘OMS) depuis une dizaine de jours sans succès, et dans tous les cas on a observé une disparition des symptômes dès le premier jour ; dans deux cas on a pu faire un contrôle de la parasitémie, et on a constaté dès le deuxième jour une chute spectaculaire de la concentration parasitaire dans le sang.
●  Julie, jeune orthophoniste fraîchement diplômée de l’école de Nancy, est venue avec nous ; elle a découvert le centre d’accueil, les hôpitaux, et elle a vu plusieurs enfants présentant des troubles du langage ; puis elle a passé deux semaines à Mongoumba, où elle a vécu chez les laïques comboniennes, a animé plusieurs séances dans les écoles pour les enfants Akas (les enfants pygmées).
●   Enfin, la mission a coïncidé avec le voyage annuel d’Antoine de Padirac, Ambassadeur de l’Ordre de Malte en République Centrafricaine, et de Bernard Guevel, chargé de mission à la Direction Internationale de l’Ordre de Malte.
Nous avons pu les rencontrer, en particulier à l’occasion d’une réception donnée par Camille Wassom, secrétaire d’Ambassade de l’Ordre de Malte à Bangui.
Nous avons beaucoup évoqué le soutien apporté au CRHAM (le Centre de Rééducation pour Handicapés Moteurs) par l’Ordre de Malte et par l’ACMC. Le CRHAM reste un partenaire indispensable à Bangui, mais peut-être pas assez « professionnel », et nous avons essayé de dynamiser l’équipe de rééducateurs.
●   Au total, nous avons vu 165 consultants durant cette mission et nous avons opéré 46 patients.
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