LA MISSION CHIRURGICALE DE NOVEMBRE 2014

Docteur Michel Onimus

La secrétaire (Michelle) et l’anesthésiste (Barthélémy) en plein travail.
L’attente pour la consultation, le jour de notre arrivée. C’est Bob qui gère les consultants.
Depuis longtemps les missionnaires laïques comboniennes de Mongoumba nous avaient sollicités pour effectuer une nouvelle mission à Mongoumba.
Nous connaissons bien Mongoumba ; c’est une localité située dans l’extrême sud-ouest du pays, au bord de l’Oubangui, à proximité de la frontière avec le Congo, en plein pays pygmée.

En 1990 ou 1991, Marisa, qui était missionnaire laïque, y avait créé un centre de rééducation. L’existence de ce petit centre, qui assure les suites opératoires et la rééducation, nous a permis d’aller opérer à Mongoumba dès 1992, et nous y avons déjà effectué 11 missions ; actuellement ce sont Elia et Palmyra, toutes deux laïques portugaises, qui s’occupent de la mission, gèrent l’école et le dispensaire, prennent en charge les enfants dénutris, et contrôlent le centre de rééducation, dans lequel la rééducation est assurée par Bob, rééducateur formé à Bangui.
Nous avons logé à la mission ; ici, Marie-Noelle, la cuisinière, avec son petit dernier.
Elia et Palmyra, avec deux écoliers pygmées qui logent dans un internat créé pour eux.
Peut-être à cause de sa situation un peu excentrée, Mongoumba a été relativement épargnée par les violences qui règnent en Centrafrique depuis bientôt deux ans. Le passage obligé par le bac joue également peut-être un rôle.
La piste est très loin d’être confortable (il faut 4 heures pour faire les 80 derniers kms), mais elle est sûre et nous avons fait le trajet sans inquiétude. Nous avons passé 4 jours à Mongoumba, durant lesquels nous avons vu 24 patients en consultation et en avons opéré 12.
Le coin réveil dans la salle d’opération de Mongoumba. Celle-ci est spacieuse, et Elia avait pu installer deux matelas par terre.
L’ enfant qui vient d’être opéré présentait une grave séquelle de brûlure de la main ; les rétractions ont été libérées et on a recouvert la perte de substance avec un lambeau de peau prélevé sur l’abdomen.
Les opérations ont été effectuées avec Monsieur Joachim TENDA, Technicien Supérieur de Santé, Chef du Centre de Santé de Mongoumba ; les anesthésies ont été effectuées par Barthélémy FIOBOY, Technicien Supérieur en anesthésie dans le service de chirurgie infantile de Bangui, qui avait obtenu l’autorisation de se joindre à la mission.
Barthélémy nous accompagne maintenant souvent ; il effectue un excellent travail. Il faut dire qu’il a été très bien formé par Stéphanie et Carole, nos infirmières anesthésistes françaises.
La traversée de la Lobaye au petit matin. La rive opposée est à peine visible.
Etape à M’Baiki. De droite à gauche : Mgr Rino, évêque de M’Baiki, Barthélémy, Michel.
Lors du trajet de retour à Bangui, nous avons traversé la Lobaye sur le bac ; c’était tôt le matin et la brume cachait presque complètement la rive opposée. A M’Baiki, nous avons fait halte à l’évêché, où nous avons été chaleureusement reçus à déjeuner par Mgr Rino, Evêque de M’Baiki.
Durant la journée, la ville est animée et semble presque « normale ».
Cependant des explosions de violence sont possibles partout et à tout moment…
A Bangui, nous avons retrouvé une ville assez active ; les taxis semblent moins nombreux qu’auparavant ; ils sont remplacés par des motos, ce qui entraine une nette augmentation des urgences en traumatologie…

Certains quartiers sont très déconseillés, notamment le Km 5, qui est un quartier mort depuis le départ des commerçants musulmans. Il reste évidemment également déconseillé de sortir le soir après 19h. On entend souvent durant la nuit des détonations ; cependant notre séjour s’est passé sans aucun incident. Le Dimanche 7 Décembre, nous avons eu la chance de visiter l’hôpital militaire installé près de l’aéroport par la force française Sangaris, et nous avons admiré l’équipement dont disposent les deux chirurgiens qui y sont affectés.
Nous avons examiné 93 patients durant cette semaine à Bangui, dont 20 séquelles d’injection intramusculaire de sels de quinine, soit 22% des consultants; cette pathologie reste un véritable fléau… Nous espérons que nos efforts pour promouvoir la culture locale de l’Artemisia annua permettront de limiter ces séquelles… Et nous avons opéré 19 enfants ; toutes les opérations ont été effectuées à l’hôpital communautaire, car les blocs opératoires du complexe pédiatrique sont actuellement en réfection.

Nous avons revu le Docteur Alfred ISSA MAPOUKA, actuellement Directeur de l’hôpital communautaire. Nous le connaissons depuis longtemps, car il a participé à plusieurs missions avec nous, notamment aux M’Brès et à Berbérati dans les années 1990-1995, et c’est toujours un grand plaisir de le revoir. Il nous accueille toujours avec chaleur et met à notre disposition sa salle d’opération en repoussant son programme opératoire.

Manuella et Gamalielle, après leur opération. Le plâtre n’est pas vraiment indispensable, mais il protège un peu la région opérée.
Nous avons notamment opéré deux petits enfants (âgés de 6 et 7 ans) qui présentaient une cyphose évolutive après tuberculose vertébrale. La maladie détruit un ou plusieurs corps vertébraux, provoquant la déformation en cyphose ; mais de plus elle supprime la croissance au niveau atteint, alors que la croissance des arcs postérieurs des vertèbres se poursuit, ce qui provoque une aggravation progressive de la déformation. Nous avons essayé d’éviter cette aggravation en bloquant la croissance postérieure par une greffe vertébrale. Les deux opérations se sont très bien passées ; les conditions opératoires à Bangui ne permettent pas de faire des gestes plus efficaces de correction des déformations…
Durant notre séjour, nous avons rencontré à plusieurs reprises Frère Elkana, directeur du CRHAM par intérim ; il est venu en salle d’opération et a participé au travail en faisant l’aide opératoire. Nous avons également rencontré Mgr Dieudonné, archevêque de Bangui, qui est impliqué dans le fonctionnement du CRHAM puisque ce dernier appartient à l’archevêché.

Enfin nous avons préparé les missions suivantes : en Février-Mars 2015 à Bangui, mission consacrée surtout à la chirurgie des fissures labiales (dont nous avons vu 11 cas qui ont été programmés), puis en Septembre 2015 une mission à Bria et Bangui (à confirmer), et enfin en Novembre ou Décembre 2015 une mission à Berbérati et Bangui.

Bria et Berbérati restent difficiles à atteindre par la route en raison de l’insécurité, mais nous espérons pouvoir faire les trajets par avion, en utilisant l’avion du PAM (Programme alimentaire Mondial) qui fait des rotations hebdomadaires vers ces villes.
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