Le lendemain commence la journée opératoire: j’ai avec moi une cantine métallique; elle contient tout le matériel indispensable et les médicaments que je vais utiliser.
L’anesthésie se fait en ventilation spontanée. Pas d’oxygène, pas d’appareil de surveillance, juste un stéthoscope et de quoi prendre la pression artérielle.
J’utilise de la Kétamine et du diazépam. L’atropine est presque toujours associée, pour éviter la salivation des enfants.
Les enfants sont endormis soit par voie intra musculaire (1 piqûre dans la fesse), soit directement à travers un cathéter intraveineux. Pas de perfusion, car c’est trop lourd à transporter.
Une fois l’opération terminée, le patient est transporté dans la pièce à côté. Toute la journée, je vais faire l’aller retour pour surveiller le réveil. Les antalgiques sont commencés très tôt, pour éviter que la douleur s ’installe.
En général, le programme opératoire se termine vers 15 ou 16H. Après un repas bien mérité, nous recommençons les consultations, car nous n’avons pas pu voir tout le monde le premier jour.
Le soir, nous retournons voir les opérés du jour. Quelques gouttes pour les détendre, une piqûre pour éviter d’avoir mal, on espère qu’ils passeront une bonne nuit. Un rééducateur veille sur eux.
Les journée s’enchaînent ainsi, et on arrive vite au bout des quinze jours. Je rentre en général épuisée. Il me faut 4 ou 5 jours pour m’en remettre, mais le fait de savoir que j’ai contribué à remettre debout des enfants vaut quelques désagréments. En avril 2006, j’ai endormi mon centième enfant en Centrafrique. Je suis très fière de faire partie de cette aventure humaine.
Le sourire des enfants est la plus grande des récompenses. Ils supportent tellement de choses sans bouger! Leur vie n’est pas facile car les enfants handicapés sont considérés comme improductifs, et ils sont souvent laissés de côté. Les opérer, c’est leur donner une chance d’aller à l’école, de trouver du travail, d’aider aux champs…
En tant qu’infirmière anesthésiste, j’ai beaucoup appris, car les conditions de travail n’ont rien à voir avec celles qu’on trouve en France. Mais c’est humainement, que j’ai le plus appris: chaque mission nous apporte notre lot de découvertes, et des rencontres avec d’autres personnes qui s’engagent vraiment pour améliorer un peu les conditions de vie en Centrafrique, et c’est profondément enrichissant… Merci à tous!