LE TEMOIGNAGE DE STÉPHANIE, INFIRMIÈRE ANESTHÉSISTE
Je suis Stéphanie, infirmière anesthésiste depuis 2 ans. Diplômée de l’école du CHU de Besançon, je travaille depuis au bloc opératoire en Neurochirurgie. C’est un travail très pointu, épuisant, stressant, mais enrichissant et passionnant.
Pendant mes études, j’ai rencontré un autre infirmier anesthésiste qui m’a parlé pour la 1ère fois des missions de l’ACMC auxquelles il a longtemps participé. Son expérience m’a semblée incroyable. J’ai décidé d’en savoir un peu plus et d’en faire mon travail de fin d’études.
Les missions de l’ACMC présentent de nombreux avantages:

●  Missions bien « rodées », depuis plus de 20 ans, dans un pays francophone,
●  Durée courte (15 jours), avec accord de l’hôpital pour un congé exceptionnel.
●  Petite équipe conviviale, matériel déjà sur place, fonctionnel et répertorié.

J’ai été contactée par le chirurgien de l’équipe dès ma sortie de L’école. Le courant a bien passé. Aujourd’hui, j’ai effectué 2 missions chirurgicales, et je suis devenue la secrétaire de l’association.

Voici mon reportage...

Le départ pour la 1ère mission est stressant. Serai-je à la hauteur?
Le fait de partir à 4 nous rapproche beaucoup. Il le faut car les journées sont épuisantes.

Dès notre arrivée, on est transféré en brousse, dans un village ou une petite ville qui nous accueillera pour quelques jours. Les enfants ont été prévenus et rassemblés grâce aux Sœurs des différentes congrégations.

C’est la consultation pré opératoire: Michel, le chirurgien, effectue le 1er tri pendant que Michelle constitue les dossiers. J’interviens ensuite. L’interrogatoire est souvent difficile; un rééducateur m’aide parfois pour traduire quelques mots en Sango. C’est surtout l’examen clinique qui va nous montrer l’état général de l’enfant: auscultation respiratoire, cardiaque, états des muqueuses, de la peau. Prise des constantes: pouls, pression artérielles, poids.

Parfois, il me faut récuser un enfant, pour cause de bronchite ou de grande fatigue. La déception des parents est toujours immense, et la pression de leur part pas évidente à supporter.

Pendant ce temps, Daniel, notre 4ème larron, est allé vérifier le bloc opératoire et il s’assure que les instruments sont bien stérilisés. Daniel est indispensable, car il organise les rendez vous, s’occupe du matériel, et surtout il nous soutient, nous fait rire après une longue journée!

Le lendemain commence la journée opératoire: j’ai avec moi une cantine métallique; elle contient tout le matériel indispensable et les médicaments que je vais utiliser.

L’anesthésie se fait en ventilation spontanée. Pas d’oxygène, pas d’appareil de surveillance, juste un stéthoscope et de quoi prendre la pression artérielle.

J’utilise de la Kétamine et du diazépam. L’atropine est presque toujours associée, pour éviter la salivation des enfants.

Les enfants sont endormis soit par voie intra musculaire (1 piqûre dans la fesse), soit directement à travers un cathéter intraveineux. Pas de perfusion, car c’est trop lourd à transporter.


Une fois l’opération terminée, le patient est transporté dans la pièce à côté. Toute la journée, je vais faire l’aller retour pour surveiller le réveil. Les antalgiques sont commencés très tôt, pour éviter que la douleur s ’installe.

En général, le programme opératoire se termine vers 15 ou 16H. Après un repas bien mérité, nous recommençons les consultations, car nous n’avons pas pu voir tout le monde le premier jour.

Le soir, nous retournons voir les opérés du jour. Quelques gouttes pour les détendre, une piqûre pour éviter d’avoir mal, on espère qu’ils passeront une bonne nuit. Un rééducateur veille sur eux.

Les journée s’enchaînent ainsi, et on arrive vite au bout des quinze jours. Je rentre en général épuisée. Il me faut 4 ou 5 jours pour m’en remettre, mais le fait de savoir que j’ai contribué à remettre debout des enfants vaut quelques désagréments. En avril 2006, j’ai endormi mon centième enfant en Centrafrique. Je suis très fière de faire partie de cette aventure humaine.

Le sourire des enfants est la plus grande des récompenses. Ils supportent tellement de choses sans bouger! Leur vie n’est pas facile car les enfants handicapés sont considérés comme improductifs, et ils sont souvent laissés de côté. Les opérer, c’est leur donner une chance d’aller à l’école, de trouver du travail, d’aider aux champs…


En tant qu’infirmière anesthésiste, j’ai beaucoup appris, car les conditions de travail n’ont rien à voir avec celles qu’on trouve en France. Mais c’est humainement, que j’ai le plus appris: chaque mission nous apporte notre lot de découvertes, et des rencontres avec d’autres personnes qui s’engagent vraiment pour améliorer un peu les conditions de vie en Centrafrique, et c’est profondément enrichissant… Merci à tous!
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