LES SEQUELLES DE TUBERCULOSE VERTEBRALE (MAL DE POTT)

Malgré la vaccination qui est en principe systématique, la tuberculose reste présente en Centrafrique, et la maladie peut atteindre la colonne vertébrale ; c’est le « mal de Pott » dont nous voyons régulièrement des séquelles en consultation.
Chez l’enfant la maladie détruit un ou plusieurs corps vertébraux et la colonne se plie en cyphose, formant une déformation en épingle à cheveux plus ou moins importante selon le nombre de vertèbres détruites.

La maladie tuberculeuse va elle-même guérir avec la formation d’un bloc osseux qui soude entre eux les reliquats des corps vertébraux détruits. Bien sûr tous les cartilages de croissance qui sont normalement situés en avant, au niveau des corps vertébraux, ont été détruits et il n’y a donc plus aucune croissance en avant. Mais la partie postérieure (l’arc postérieur) des vertèbres atteintes, et notamment les cartilages de croissance, reste intacte et elle va continuer à grandir.

Du fait de cette asymétrie de croissance, persistante en arrière et absente en avant, la cyphose va s’aggraver durant la croissance de l’enfant ; en fin de croissance elle sera donc d’autant plus accentuée que l’atteinte de la colonne vertébrale a été plus précoce.



Deux cyphoses sur séquelles de mal de Pott dorsal chez des petites filles, l’une âgée de 7 ans
...l’autre âgée de 5 ans
Ces séquelles sont non seulement esthétiques, mais elles peuvent entrainer des complications parfois très graves : quand le mal de Pott atteint la colonne dorsale, la cyphose peut provoquer une insuffisance respiratoire parfois mortelle ; par ailleurs quand la cyphose est très accentuée, la moelle épinière se tend comme sur un chevalet au sommet de la cyphose, et elle peut être comprimée et être responsable d’une paralysie complète des membres inférieurs (paraplégie).

Il est possible d’opérer les séquelles du mal de Pott, mais c’est une chirurgie difficile, qui demande du matériel spécifique, un environnement opératoire et postopératoire qui n’existent pas en Centrafrique, et de plus qui comporte des risques non négligeables.

L’opération se discute donc dans les cas où il existe une menace neurologique ou vitale pour l’enfant. Dans ces cas nous essayons d’évacuer les enfants vers le Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte (CHOM) à Dakar ; le CHOM est bien outillé pour cette chirurgie et le chirurgien orthopédiste (Professeur Charles Kinkpé) est très compétent.

Cathline était âgée de 7 ans lorsqu’elle a commencé à se paralyser. On a pu l’évacuer rapidement à Dakar où elle a été opérée avec succès.
La voici à l’âge de 9 ans. La paraplégie a complètement régressé et l’enfant va très bien.
L’ ACMC est une ONG franc-comtoise. Contact et mentions légales