"SOUVENIRS DE MA PREMIERE EXPERIENCE HUMANITAIRE EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE", PAR ANNE VUEZ
Je me présente, je m'appelle Anne Vuez et j'ai 22 ans. Je suis diplômée en tant qu' infirmière depuis peu. Depuis longtemps, j'avais envie de partir en mission humanitaire. J'ai découvert par Michelle et Michel Onimus l’association des "Amis Comtois des Missions Centrafricaines", et c'est alors que j'ai envisagé de me joindre à l'équipe. J'ai attendu avec impatience leur réponse, et c'est après que tout a commencé, la préparation du voyage (papiers, billets d'avions, vaccins ... et surtout de nombreuses questions !). Le programme du voyage était fait avec précision. Quelle chance, j'étais ravie, mais j'étais tout de même un peu anxieuse de partir dans un lieu inconnu avec des gens que je connaissais peu ou pas du tout. Ce fût sûrement un vrai défi pour moi qui n'avais presque jamais quitté ma Franche Comté plus de 15 jours !!

Le 16 février 2011 me voilà dans l'avion direction la République Centre Africaine. C'est ici que commence mon journal de bord que j'ai tenu tout au long de mon séjour. J'ai peu parlé pendant le voyage, beaucoup de questions se mêlaient dans ma tête, les nuages, les montagnes, les déserts défilent.... et nous voilà arrivés à l'aéroport de Bangui. Ah en fait, il y a des lumières... je m'étais imaginé tout ça autrement ! Tout le monde se bouscule, il fait chaud, très chaud, les bagages arrivent au bout d'un certain temps. J'ai bien cru que mes bagages étaient perdus, heureusement que Michelle connait ! Je monte dans un petit bus, et nous partons en direction du centre d'accueil. On slalome, on klaxonne, sur une route à 1, 2, 3 ou 4 voies, ça dépend ; je me sens vraiment trop "bonjou" (blanche) de peau, j'ai l'impression que l'on me regarde. Premier repas, première expérience du piment mais ce sera la dernière, ouah ça chauffe ! J'ai l'impression que toutes les personnes autour de moi se ressemblent... Il fait chaud, le soleil brille, la végétation est magnifique, nous entendons les chants à la cathédrale au grand matin, c'est reposant. Le dépaysement est complet, la précarité est partout.

Départ en retard mais ça c'est normal (j'apprends à attendre, je suis à bonne école là bas) pour la SAFA où nous passerons une semaine avec Michelle. Je suis très rapidement plongée dans l'Afrique, je m'y attendais, parcourt escarpé, villages au nom si rigolo : Paris, Togo, Moscou.... J'en prends plein les yeux. Le père Sandro en profite pour m'expliquer beaucoup de choses sur ce monde qui m'est bien inconnu. Je bois toutes ces paroles. Mme Onimus me laisse le temps de me faire ma propre opinion. Les gens parlent fort, chantent, rient... ces rires qui cachent tant de choses : la misère, la malnutrition, la maladie, la faim, les difficultés du travail... Les animaux sont partout.

Nous passerons une semaine dans les classes de la SAFA, où nous essayerons de donner des astuces, des exemples de méthodes de travail... la chaleur est presque intenable. Les élèves n'ont pas de matériel ou peu, les classes sont surchargées. Je crois que ce fut aussi formateur pour moi que pour eux ! J'ai rencontré là bas deux enfants avec qui j'ai passé la semaine : Sophonie et Prince, deux orphelins d'une grande maturité, qui dansent à merveille, qui font leur petite vie, les courses, la cuisine, la lessive. Quelle force incroyable! Comment pouvons-nous plaindre en France ?? Je suis révoltée !

Quelques petites aventures me restent en mémoire, essaim de guêpes, souris, araignées par centaines dans ma chambre, si vite oubliées par la découverte des fruits, légumes, paysages, fleuves, pirogue, animaux. J'adore le perroquet c'est incroyable ! Qu'est ce qu'il me faisait rire !! Le tour de moto fût une sacrée expérience aussi ! Les consultations avec la matrone (sage femme) ont été très intéressantes, je découvre la prise en charge du SIDA, j'aide comme je peux, mais la barrière de la langue est bien présente.

La messe du dimanche était magnifique : chants, danses... j'ai adoré, et ce qui m'a fait bien rire c'est que faute de soleil, les gens sont arrivés en retard (ils n'avait pas le repère du soleil). Il y avait peu de monde à cette messe car il y avait une plastikoua dans le village à coté, eh oui là bas on fait la fête quand quelqu'un meurt.

La surveillance du réveil après l’opération.…
La semaine suivante se passa à Mongoumba, j'ai rencontré des personnes exceptionnelles Elia, Marcia, Suzanna, volontaires laïques portugaises, qui nous on accueillis avec une grande gentillesse. Michel, Daniel et Barthélémy l'anesthésiste nous ont rejoint et ce fut de nouveau une nouvelle expérience : les consultations, où des trentaines de personnes attendent de voir le chirurgien sous une "cagnat", il y a tant d'espoir dans leurs yeux... Des enfants, des adultes qui attendent beaucoup de notre venue. Les opérations ont débutées le lendemain, je n'oublierai jamais Othile, Héritier, ces deux petits bouts que Mr Onimus a opéré dès le premier jour, les larmes aux yeux, je suis l'opération, c'est magnifique, c'est magique... Les cochons, les poules font le fond sonore, l'air donne un peu de frais dans la salle. J'enlève mes yeux d'infirmière bornée sur l'hygiène et m'adapte à l'Afrique. La salle de réveil, c'est un matelas posé à même le sol, mais finalement tout se passe bien, c'est l'essentiel. Il y a plusieurs journées d’opérations, en allant même chercher des malades dans un centre de réfugiés congolais, où les situations m'ont profondément touchée à plusieurs reprises.

Une anecdote incroyable du voyage cette semaine là : c'est quand même d'arriver en moto avec le prêtre à la messe... (ça a fait parler...) et d'écraser un poulet avec la moto au retour (on aurait voulu le faire, nous n'y serions pas arrivé), le prêtre ne s’est pas arrêté, sinon nous aurions du le payer, qu'est ce que j'ai ri !

A Mongoumba, j'ai partagé ma chambre avec les lézards. Ils mangeaient les moustiques, les termites qui volaient, c'était mes copains ces petits lézards.

En route pour l’île Mbongo Soua (ile de la Cité Lumière)…
Les filles m'ont fait découvrir la nourriture Africaine, pas toujours facile ! Mais qu'est ce que nous avons été gâtés. Elles m'ont fait découvrir les différentes cultures : Afrique, Espagne, Portugal, France, Italie...

J'ai fait mon premier tour de pirogue sur le fleuve "La Lobaye" avant notre retour à la capitale. A Bangui, les opérations se sont déroulées dans une salle d'opération beaucoup plus adaptée, avec la clim, la lumière… Bon parfois il fallait choisir entre la lumière ou la clim mais ce n'est pas très important (nous avions des lampes de poches !!).

La visite à la cité lumière avec l’Association ATD quart-monde et Michelle pour une séance d’animation avec des enfants et des jeunes fût extraordinaire. Belles rencontres, remplies d'espoir, d'entraide avec ces jeunes qui se battent pour un avenir meilleur.

Je suis allée travailler au dispensaire avec sœur Colette et sœur Léontine. Je me suis vue ce jour là infirmière, pharmacienne, et médecin, je n'étais pas forcement super à l'aise ! Le centre de malnutrition au dispensaire de Begoua m'a vraiment touché, voir des enfants si malnutris et dire que nous jetons les aliments en trop, je suis en colère, mais je sais que ça ne sert à rien. Je me suis sentie utile à la distribution des repas et des compléments alimentaires !

L'après-midi à l'orphelinat, fût remplie d'émotions : tous ces enfants seuls, avec des histoires de vie terrible m'ont fait vraiment réfléchir (si seulement je pouvais en ramener un ! mais je sais que ce n'est pas possible !!). Enfin la soirée à la Voix du Cœur qui accueille les enfants des rues, dur dur !

Le voyage c'est terminé beaucoup trop vite. Une vraie leçon de vie, des souvenirs plein la tête. A quand la prochaine mission ??

Merci à l'association des Amis Comtois des Missions Centrafricaines, et aux membres de l’équipe pour leur attention à mon égard et leur gentillesse.




L’ ACMC est une ONG franc-comtoise. Contact et mentions légales